Marathon de Paris 2019: Record Personnel!

Depuis que je me suis mis à courir en Septembre 2012, mes buts et objectifs ont beaucoup évolués.
Tout d’abord, j’ai couru pour perdre du poids alors que je n’aimais pas vraiment courir. De plus, faire du sport n’a jamais fait maigrir qui que ce soit. C’est un régime alimentaire associé au sport qui fait maigrir.
Ensuite, je me suis pris au jeu. J’ai d’abord fait un semi (celui de Paris en 2013). Je me souviens combien j’étais heureux d’arriver au bout en 1h52! Puis j’ai commencé à aimer courir, à profiter des chemins forestiers de la forêt de Marly juste derrière chez moi. Et l’idée un peu dingue de courir m’est venue. En 2014, mort de trouille, je m’alignais sur le Marathon de Paris (MdP). Non seulement, je suis allé au bout, mais en plus, j’ai fait un temps plutôt pas mauvais en 3h42. C’est comme si j’avais posé le pied sur la lune. Je m’étais donné un objectif et je l’avais atteint.

depuis, j’ai enchainé les marathons, à raison de 2 par ans. Certaines années ont été bonnes. 2015 a été particulièrement réussie avec 3h32 à Paris et 3h36 à Tours. 2016 a été désastreuse. Petits bobos à la cheville droite, début de sciatique consécutive à une certaine usure du disque entre L5 et S1, manque de motivation… bref, ca ne le faisait plus. Me Marathon de New York a été catastrophique en 4h12. J’ai touché le fond au MdP17 en 4h18. Un très mauvais souvenir que j’ai effacé de ma mémoire. J’ai coupé un gros mois et demi au printemps 2017 puis j’ai repris l’entrainement, sans véritable but, juste pour le plaisir. Pas de marathon à l’automne 2017: j’avais besoin de souffler et de retrouver une motivation. 

cela m’a bien réussi. Au MdP18, j’ai fait 4h00 tout rond: mon objectif. j’ai couru ce marathon le sourire aux lèvres, juste pour le plaisir. atteindre le modeste objectif fixé à l’avance m’a reboosté. Suite à cela, j’ai aussi changé mon entrainement. Fini les séances à rallonge. J’ai préféré essayer de courir le plus souvent possible, si possible 4 fois par semaines, mais sur des séances courtes, toujours inférieures à 1h, sauf une sortie plus longue le week-end, avec 13 à 15km. ces séances courtes, je les ai quasiment toutes faites en accélérant pendant toute la séance, genre pente ascendante d’une pyramide. J’ai même réussi à faire quelques séances en fractionné alors que c’est le genre d’exercice auquel je n’arrive pas à m’astreindre. du coup, me Marathon de la côte d’azur, entre Nice et Cannes, à l’automne 2018 a été une grosse réussite. Je visais 3h45 et j’ai fini en 3h47. les derniers kilo (disons les 3 à 4 derniers) ont été difficiles, mais je n’avais pas prévu le dénivelé positif avec environ 300m de D+, uniquement sur la fin du parcours. Le passage dans la presqu’île du cap d’Antibes est vraiment usant. Quant à la dernière montée avant de déboucher sur la baie de Cannes…

Du plaisir vient la motivation. De la motivation vient l’ambition. Depuis que je fais des marathons, je me dis que mon Everest est d’atteindre 3h30, tout en sachant pertinemment qu’avec mon entrainement, c’est quasiment impossible à atteindre. je pense que c’est important d’avoir un rêve qu’on ne peut pas atteindre car cela motive pour progresser. 
Après le Nice-Cannes, j’ai quasiment tout de suite commencer à préparer le MdP19. Je n’étais inscrit dans le sas 3h30, par habitude, tout en me disant que 3h45, peut-être 3h40 serait déjà bien. Après les années 2017 et 2018, améliorer mon temps serait une gageure. Je ne me suis mis aucune pression. j’ai bien couru tout l’hiver, aussi souvent que possible. Même en déplacement à l’autre bout de la terre (Las Vegas, Singapour) ou en Europe, j’ai réussi à m’entrainer presque tous les jours, avec un petit creux en Mars suite à un gros coup de fatigue en rentrant de Singapour. Donc, depuis cet hiver, j’ai plutôt bien combiné les séances courtes la semaine avec une (pas trop) longue le week-end. Pour faire plaisir à Michael, j’ai couru avec lui le semi de Paris. Temps frais, sans pluie, mais avec énormément de vent. Je l’ai emmené au bout en 2h03. Il espérait 2h00. Mais ce n’est pas grave, l’essentiel était d’arriver!

Me voici donc le 9 Avril 2019, prêt à en découdre sur 42,195km. Pas de pression, pas d’angoisse. Un objectif réaliste de 3h40 en tête et une grosse envie de me faire plaisir. La matinée est fraîche, vraiment TRÈS fraiche. Il ne fait pas plus de 3-4°c quand Nico, mon voisin avec qui je cours le MdP, et moi arrivons vers 7h30 en voiture au bout de l’avenue Foch. Gros coup de bol: il y a une place pour nous. Nous franchissons tous les contrôles de sécurité. Cette année, c’était assez chaotique et cela bouchonnait vraiment beaucoup. Nico va poser son sac à la consigne. Je vais au salon VIP Air France poser les miennes et j’invite Nico à venir pour boire un café bien chaud. Je tiens à remercier Air France car leur club « Air France Running » est vraiment sympa et pour les voyageurs en Platinium, c’est vraiment sympa de pouvoir disposer d’un endroit tranquille pour boire un café, manger un morceau et aussi (et surtout!) accéder à des toilettes sans faire la queue!
Je garde une vieille polaire sur moi en plus de deux sacs poubelles superposés. Dessous, je porte mon tee-shirt fétiche de marathon, vert et noir. Je l’ai porté sur tous mes marathons, sauf sur New-York (une cata…) et sur Nice-Cannes (trop chaud). Il va me porter chance, c’est sûr! Je jetterai le tout (sauf le tee-shirt :-)) au départ. Tout est recyclé et les vêtements donnés à des assos. D’habitude, l’entrée dans les sas se passe bien, sans encombre. Cette année, cela a été le bazar absolu! très peu d’entrées, très étroites, et en plus il fallait franchir des rail de sécurité en béton (les protections anti-attentats). Avec Nico, nous sommes entrés dans notre sas beaucoup trop tard. Il était plus de 9h00 alors que nous étions sensé démarrer à 8h45. vraiment n’importe quoi! Nous sommes partis vers 9h20 et bien après les meneurs d’allure du 3h30. De fait, nous nous sommes retrouvés avec les 3h45. Honnêtement, cela ne m’a absolument pas gêné de ne pas être avec les coureurs de mon allure. Au contraire! J’ai beaucoup doublé. C’est hyper motivant!
Avec Nico, nous avions convenu de ne pas nous attendre. Il est normalement bien plus rapide que moi et nous n’avons pas forcément la même stratégie de course. Il est parti du côté droit de l’Avenue des Champs-Elysées. je suis parti sur la gauche pour être au soleil car il faisait carrément froid, pas plus de 7°c.

J’ai prévu de courir en 5min07-5min10 par kilo. Je sais que je vais m’emballer dès le départ à cause du faux plat descendant et de l’excitation. Mais c’est mon dixième marathon (déjà!) et avec l’expérience, je me dis que la sagesse va guider mes pas et que je vais mettre le pied sur la pédale de frein. Tu parles, Charles! je suis parti à fond, juste comme d’hab. Sur les 5 premiers kilo je suis en 4min48. Dément. mais il fait frais, je suis super bien et je profite à fond. La place de la Concorde sous le soleil, sans bagnole: du bonheur! le détour sur l’Opéra puis la descente complète de l’avenue du même nom pour revenir sur la rue de Rivoli: superbe! Même pas en sueur, ou presque pas. Génial ce froid! Le mieux, c’est que ca continue. Sur le tronçon 5-10, toujours 4min48. J’ai l’esprit libre. Je ne pense à rien de précis. Je regarde les tee-shirts, les gens autour, les immeubles, les monuments, le ciel. Jamais je ne pense à ralentir. Il fait froid, Je suis super bien. Pas de fatigue, pas de douleur, rien.

Les ravitos se font en douceur: une bouteille d’eau (merci Vittel!) et 4 morceaux de sucres. Contrairement à beaucoup de monde, je ne prends rien sur moi et je m’alimente assez peu aux ravitos. juste de l’au et du sucre. j’ai essayé les morceaux de bananes, les fruits secs, les barres énergétiques, les pâtes de fruit: bof bof bof… finalement, je préfère le sucre. ca me réussit bien. Avec le temps, j’ai aussi appris à ne pas me précipiter sur les premières tables. Je les laisse aux débutants. je vais vers les dernières tables. Moins de bousculade, plus de calme, plus de bouteilles déjà ouvertes et plus de bouffe. Et à chaque fois, je souffle, je ralentis et je prends mon temps. Pas de pression!

Et ça continue: sur le tronçon 10-15, encore 4min48 au kilo. j’y crois pas. je commence à monter un peu en température. Aussi, quand je vois les pompiers de Paris (bravo les gars! vous êtes géniaux!) avec leur bassines d’eau froide, je m’y précipite. La casquette dedans et splatch! sur la tête. Ça dégouline partout. C’est froid. Ça fait un bien fou. je suis un des seuls à le faire. Presque tous les autres coureurs sont couverts chaudement et certains ont carrément froid. 

Jusqu’au semi, je reste en 4min48, sauf sur le 20-21 que je fais en 4min55. Je franchis la mi-course en 1h41min17s. Mon meilleur semi sur un marathon (et moins de 5min derrière mon meilleur temps au semi en 1h36min40s). Là, je me dis que je suis en train de faire un truc. je ne fatigue pas, je n’ai mal nulle part, j’ai la tête fraîche et le passage dans le bois de Vincennes, qui d’habitude me vide bien, s’est super bien passé. Et si jamais… Si jamais de descendais en dessous de 3h40? Je commence à me dire que c’est jouable. Mais pas d’emballement! j’ai encore un semi à courir. On ne va pas s’exciter. Moins j’y penserai, mieux ca se passera.

Jusqu’au 30e, je reste en 4m55 par kilo. je suis toujours en dessous de 3h30! C’est complètement ouf! surtout qu’entre le 22 et le 33 on se tape les quais de Seine: chaleur, pavés, montées, descentes: que des trucs qui cassent bien les jambes. Les montées sont dures. Je réduis la foulée, je tire bien sur les bras. Je reste super lucide. Tout se passe au mieux. A la sortie du 16e arrondissement, entre les km 34 et 35, il faut remonter le Bd Suchet. Faux-plat montant. D’un seul coup: boum! le mur. Merde! Je vais abandonner. C’est trop dur. Et là: miracle. Alors que je n’étais pas du tout entré dans ma course, que j’avais laissé mon esprit vagabonder, que mon corps décidait assez naturellement de son allure, je reprends le contrôle. Cela serait trop con de rater les 3h30 à 8km de l’arrivée. Je me mets des coups de pieds au cul, des baffes dans la tronche. je m’arrose d’eau froide. Je mange du sucre. je bois beaucoup. Et hop, ca repart. Pfffff… c’est dur. Mais je ne lâche pas. 5min11 au kilo jusqu’au 40ième. Heureusement que le parcours dans le bois est raccourci. Heureusement que nous n’avons pas une immense ligne droite qui tue. Heureusement que le passage devant la fondation LVMH est là pour rebooster: quand on passe devant, on sait qu’on est tout prêt!

du 40 jusqu’à l’arrivée, je redescend encore de rythme en 5min21 au kilo. Je sais que je tiens mon temps de fou furieux. Je vais passer en dessous des 3h30. Alors, je peux redescendre un peu de rythme. De doute manière, je n’aurais pas faire mieux. Mais comparé aux années précédentes, c’est infiniment meilleur: c’est la première fois que je finis aussi vite. d’habitude, je suis plutôt autour de 6min++ sur les derniers kilo.

En arrivant sur la porte Dauphine, gros frisson de pur bonheur. je le tiens mon Everest! Je le tiens mon 3h30! et largement en plus. J’en profite à fond. Je cherche Isa et Héloïse dans la foule, côté gauche. Je veux partager ça avec elles. Mais nada. Je ne les vois pas. Après, elles me diront qu’elles m’ont vu.  Dommage. Le moment était magique.  Grosse, grosse, énorme émotion sur la ligne droite d’arrivée. Les cris, les encouragements, les applaudissements . J’ai l’impression qu’ils sont tous pour moi. je franchis la ligne les bras en l’air, en criant de joie. Pur bonheur. vraiment. Je crie en boucle ‘je l’ai fait! je l’ai fait! ». Et je pleure. Comme d’habitude. 3h28min39s. un temps de tueur!!!!

là… juste sur la droite de l’image, le gars avec le tee-shirt vert!

J’ai bien profité de la tente VIP Air France. C’était super calme. Normal, je suis un des premiers à arriver :-). On avait plein de boissons et de la super bouffe (mais je ne mange pas. Je ne peux simplement pas). Je me fais masser. Le corps est hyper raide. Difficile de m’allonger sur la table de massage. Et c’est l’enfer pour en redescendre … je rejoins Isa et Lolotte. le retour à la maison a été galère car la station RER Charle de Gaulle Etoile est fermée. vraiment pas top. C’est sans doute une conséquence des gilets jaunes, parce que les autres années elle était ouverte.

Voilà. J’ai escaladé mon Everest. Pour mon 10ième marathon. Et maintenant? quel objectif? courir plus de marathons dans une année? viser 3h15? Bin non. après quelques semaines, j’ai trouvé un objectif sympa, plus en ligne avec une pratique sportive d’endurance non traumatisante et plus proche de la nature. Je vais bien entendu continuer à faire le MdP (d’ailleurs je suis déjà ré-inscrit pour 2020). mais je vais faire des trails. Il y en a plein en région parisienne et il y a des courses géniales en France, en montagne, à la campagne, au bord de la mer. Objectif: l’Ecotrail de Paris, en mars 2020, sur la distance de 80km. Ca va être intéressant! Et pour commencer, histoire de voir l’effort sur un trail, je me suis inscrit sur le trail des fonds de cayenne, distance 42km, en Septembre. Le D+ est <1000m. Ca devrait le faire assez facilement, mais ne soyons pas présomptueux…

Un petit mot pour essayer de comprendre ce qui a fait que j’ai performé à mort cette année. Tout d’abord, il y a eu mon changement d’entrainement. Courir presque tous les jours, sur un tempo rapide, et sur moins d’une heure, ca m’a bien réussi. Le repos d’avant course aussi a été bien géré. La dernière sortie s’est faite le mardi pour une course le dimanche. J’étais aux taquets :-). Ensuite, je ne me suis pas mis la pression. Je suis parti en me disant que faire 3h45 serait bien et que si je faisais 3h40 ca serait carrément cool. Et j’ai couru avec l’esprit en dehors de ma tête. Je n’ai jamais pensé à ma course, jusqu’au mur. Du coup, j’étais frais pour prendre le contrôle et pousser mon corps. En écrivant ça, je me dis que ça fait un peu jedai… mais c’est sans doute ce qui est le plus proche de la réalité. Quand on court, on arrive, avec l’habitude, à dissocier son esprit de son corps. Le plus dur est de bien réassocier les deux au bon moment. Là, coup de bol, j’ai réussi à le faire. Ensuite, et c’est clé dans ma réussite: il a fait très frais, voire froid. Je déteste la chaleur. Ca m’épuise et ça m’énerve. Avec 7°c au départ et à peine 10°c à l’arrivée, j’étais super bien, tout le temps. Enfin, le changement dans le parcours avec le passage autour de l’opéra et un passage plus court dans le Bois de Boulogne m’a aidé, surtout sur la fin.

Un petit mot sur l’organisation: tout était très bien, sauf l’entrée dans les sas. une vraie cata. Nullissime. Faut vraiment que l’organisation en tire des leçons pour l’année prochaine. C’est incompréhensible d’autant que les années précédentes, c’était nickel.

Et pour finir, Nico a fait 3h40. Il était assez mal préparé et il a coincé à la mi-course. Ce n’est que partie remise pour lui. Il a un méga potentiel. je suis sûr qu’il descendra en dessous de 3h15 très vite!

Avec la Chérie à l’Arrivée!
3h28! Celle-là, je l’ai méritée 🙂